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Au sein des professionnels du ski, un débat existe sur les bénéfices et risques liés au fait de skier avec ou sans casque. Indispensable pour certains, d’autres estiment que le casque compromet leur sécurité en limitant le champ visuel et la perception sonore de l’environnement.
Casque : l’unique moyen d’éviter les traumatismes crâniens
L’usage du casque au ski est souvent recommandé pour réduire l’impact des dommages en cas d’accident. Si le casque est efficace contre les lésions externes (plaies, lacérations), il est néanmoins peu efficace sur les effets d’un arrêt brutal (commotion cérébrale). Comme unique moyen d’éviter les traumatismes crâniens, le casque est incontestablement utile. De ce fait, la question est de savoir s’il existe des activités de montagne où le port du casque amène plus de risques que de bénéfice.
Pas de casque = aggravation de l’état de la victime
Une étude américaine, réalisée par ASTM, menée sur 17 saisons entre 1995 et 2012 a montré que sur plus de 6000 accidents référencés, environ 7% d’entre eux (438) ont au moins impacté la tête des victimes et que les personnes n’ayant pas porté de casque ont été plus nombreuses (258 sur 438) à avoir un traumatisme crânien interne ou externe.
Globalement, le casque a une réelle efficacité pour protéger la tête des skieurs : celui-ci a été conçu plus pour protéger contre l’impact direct du choc, mais il reste impuissant contre les effets de la décélération brutale.
D’ailleurs, si l’étude montre que le nombre de traumatismes externes est plus faible lorsque le casque est porté, on y voit a contrario que le nombre de commotions cérébrales (allant du simple étourdissement, jusqu’à la perte de conscience en passant par l’amnésie) reste élevé.
Au regard de ces éléments, on peut conclure que pour les pratiquants loisirs et professionnels, le fait de skier avec un casque présente une réelle amélioration de la sécurité. Pour autant, les partisans du « sans casque » ont aussi plusieurs arguments à faire valoir.
Les contres : prise de risque et mauvaise perception de l’environnement
En effet, les bénéfices du port du casque ne sont pas sans créer de nouveaux risques. Ainsi le port d’un tel équipement peut amener à un faux sentiment de sécurité (à l’image des gants contre le COVID) et augmenter la prise de risque. Certains casques couvrant les oreilles peuvent également amener une perte de la capacité d’audition.
N’ayant pas de données sur les autres activités (Snowboard, patins à glace…) où les pratiques sont différentes, il est difficile d’estimer aujourd’hui si le port du casque doit être généralisé et rendu obligatoire pour le grand public, d’autant que celui-ci est moins exposé en termes de fréquence que les professionnels du ski.
Enfin, les partisans du « sans casque » font aussi valoir le fait qu’avec le casque la perception de l’environnement est moins bonne : la visibilité est réduite et le casque gène l’audition. Dans certaines situations qui nécessitent d’avoir une vigilance élevée, le port du casque peut avoir un mauvais rapport bénéfice / risque.
Skieurs professionnels et obligation de sécurité de l’employeur
Pour autant, les situations des skieurs loisirs et professionnels ne sont pas tout à fait les mêmes. Les professionnels (pisteurs, secouristes…) de la montagne qui se déplacent en ski, sont plus souvent et plus longtemps exposés au risque que le grand public. Même si cela est compensé en partie par une meilleure maîtrise technique, leur exposition au risque de choc à la tête reste donc beaucoup plus importante.
De plus, la responsabilité de leur employeur est également engagée si un accident arrive. En effet, en matière de santé et de sécurité au travail, l’employeur a une obligation générale de sécurité. Il lui incombe notamment de procéder à l’évaluation des risques encourus sur les lieux de travail et, en fonction de cette évaluation, de définir les mesures de prévention les plus pertinentes.
Pour ces raisons, dans le cas général, il parait incontournable pour l’employeur de rendre obligatoire le port du casque aux salariés qui pratiquent le ski. Pour autant, on peut admettre que le casque entraine parfois des risques supplémentaires et des exceptions au port du casque pourraient être admises. Et donc au lieu de questionner l’obligation du port du casque, la question devrait porter sur les situations spécifiques où le casque pourrait ne pas être porté.
Port du casque systématique, sauf cas particuliers
Le rapport bénéfice / risque peut s’inverser pour certaines activités de montagne, notamment quand le salarié doit avoir un niveau de vigilance élevé sur les risques environnants : déclenchement d’avalanche, faible visibilité, etc.
Une réflexion devrait donc être menée afin d’identifier les situations où le non-port du casque pourrait être autorisé.
De plus, le choix de casques adaptés aux différents métiers et plus confortables peut également faciliter son port.
Ces axes de travail devraient à ce titre être abordés avec les collaborateurs et leurs représentants (CSE) pour s’assurer que les situations identifiées soient correctement évaluées et les équipements choisis soient adaptées aux activités.
Pour répondre à ces questions, essentielles pour supprimer les accidents, ou tout du moins en limiter les conséquences, une analyse des métiers de la montagne et de l’exposition aux risques d’accident à la tête est indispensable.
Votre organisation est-elle aujourd’hui en mesure de :
- Évaluer les risques professionnels de vos collaborateurs évoluant en montagne ?
- Définir les casques les plus adaptés en fonction de vos métiers ?
- Former vos collaborateurs aux limites techniques du casque et à son utilisation ?
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Pour aller plus loin :
Role of Helmets in Mitigation of Head Injuries: Epidemiologic Study of Head Injuries to Skiers (ASTM, 2015)
ISSS-SITEMSH 2022 : 24th international congress on Snow Sports Trauma & Safety
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